Coups de coeur, coups de griffes ...

            Une petite assemblée féminine s'est installée ce mardi 17 janvier autour de la table ovale de la bibliothèque. Les sourires, les airs gourmands qui étaient sur les visages montraient la curiosité face aux livres qui allaient être présentés et dont chacune déjà se régalait.

            Maguy nous a emmenés dans les hauteurs du Cantal à travers le roman Les sources de Marie Hélène Lafon. La vie à la ferme, les difficultés de ces existences dans la solitude et un environnement parfois hostile, un homme taiseux, une femme mariée un peu malgré elle, sont les personnages des deux journées, séparées par 7 années, que l'écriture de l'auteure, épurée, rabotée pour que ne reste que l'essentiel rend à merveille. Marité choisit l'Algérie comme décor en présentant Les vertueux de Yasmina Khadra dont l'histoire, raconte l'engagement des soldats algériens lors de la première guerre mondiale. Un berger pauvre Yacine prend la place du fils d'un caïd et part faire la guerre à sa place. Mais ce sera un marché de dupes et son retour sera le début d'une longue errance pour échapper à la mort qui l'attend. Violence, douleur, exil  mais aussi pardon et humanité seront les thèmes du roman dont l'auteur dit que c'est un de ses plus beaux récits. Pour accompagner ce livre Marité avait apporté un livre de photographies belles et émouvantes de personnes et de paysages d'Algérie. Françoise a sorti de l'oubli, pour nous en parler, Raymond Guérin mort en 1955, victime d'une erreur littéraire de l'après guerre, dont l’œuvre n'a pas eu le retentissement qu'elle mérite. La peau dure raconte l'histoire de trois sœurs Clara, Jacquotte et Louison tour à tour narratrices de leurs vies, qu'elles ont choisies différentes, dans un  livre court. Plaidoyer pour la cause des petits, des faibles, des laissés-pour-compte c'est à la fois un roman social et féministe où des femmes souffrent et se battent dans un monde fait par et pour les hommes.  Bien que paru en 1948 il garde une grande modernité. Sylvie nous dépayse à Guernesey à travers Le Livre d'Ebenezer Le Page, écrit par Gérald Basil Edwards. Ce vieux monsieur de 80 ans, tour à tour agaçant et charmant, qui a toujours vécu dans cette île coincée entre l'Angleterre et la France prend la plume pour raconter son histoire. C'est la chronique d'une vie avec ses secrets de famille, ses amours vécues ou perdues ; c'est aussi celle d'une époque, des temps de la guerre, de l'Occupation, de l'essor du commerce et du tourisme dans un livre plein de tendresse, d'humour et d'humanité. Chantal choisit la ville de Gibraltar, bout de terre qui cristallise nombre de tensions, présente dans le titre du roman policier de Peter May Rendez-vous à Gibraltar. Un cambriolage dans une villa luxueuse est le début d'un périple qui ira de Malaga jusqu'en Écosse à la recherche de l'assassin qui a tué son ami et à la poursuite duquel se rencontrent Christina une policière espagnole et Mackenzie policier écossais pour remonter la piste d'un trafic de grande ampleur. Tout à fait différent est le livre choisi par Léone qui nous a dit s'être fait un devoir de le lire. La grande misère écrit par Maisie Renault la sœur du colonel Rémy, tous deux originaires de Vannes, raconte la vie au jour le jour dans les camps de concentration où elle fut enfermée pour actes de résistance s'étant engagée dans un réseau crée par son frère. Elle fut libéré avec 15000 autres prisonniers par les négociations du diplomate suédois Folke Bernadotte. Marie Jo nous parle de Le fou du roi de Mahi Binebine, écrivain, peintre et sculpteur marocain qui partage son temps entre la France, le Maroc et les États Unis. Le père de l'écrivain était  un courtisan de Hassan II père de l'actuel roi du Maroc, qui en monarque absolu aimait s'entourer d'hommes de cour dont l'unique fonction était de l'amuser. L'adulation pour son roi, la peur de lui déplaire étaient sa seule raison de vivre et sa famille, qu'il négligea complètement, comptait peu à ses yeux. « Je ne vis que pour rendre le roi heureux ». Un des frères du narrateur est emprisonné et au faste de la cour répond la cruauté des geôles et l'envers de ce régime autocratique. Nous restons dans un environnement royal, mais à l'époque de la guerre de cent ans où guerroyèrent Armagnac et Bourguignons. Yolande d'Aragon, 1381-1442, 4 fois reine, belle-mère du futur Charles VII et Jeanne d'Arc 1412-1431 sont les héroïnes du roman de Guillaume Lebrun Fantaisies guérillères que nous présente Jeanine. Mais dans ce livre, épopée médiévale loufoque, l'auteur réinvente ces figures féminines et les présente dans une version totalement décalée. 15 Jehanne sont choisies pour sauver la France mais une seule y parviendra : c'est notre Jeanne que nous présentent tous les livres d'histoire. Comme le récit est burlesque cette Jehanne-là est grosse, costaude, (pour pouvoir porter armures et épée qui pèsent pour le moins 40 kilos) pas forcément vierge, ripaillante, carnassière. Les anachronismes sont légion mêlant références historiques et faits et personnages actuels dans des traits parfois un peu grossis. Alors est-ce un coup de cœur ou un coup de griffes ? Macau finit cette présentation avec Le roman de Jim de Pierric Bailly. Aymeric, le narrateur, est un jeune homme de 26 ans indécis, qui ne semble jamais être à sa place, entraîné dans des plans foireux mais sincèrement gentil et ce trait de caractère le rend touchant. Il rencontre dans un concert Florence qu'il a connue autrefois lorsqu'ils travaillaient en intérim tous les deux à Casino ; elle a 40 ans est enceinte d'un homme marié qui l'a quittée à  l'annonce de sa grossesse. Ils se mettent en couple et Aymeric va tout doucement s'attacher au petit garçon Jim dans une très jolie relation de tendresse et de responsabilité. Il a enfin trouvé sa place. L'enfant a 10 ans lorsqu'un homme revient dans leur vie : Christophe le père biologique. Racontée ainsi l'histoire pourrait être une bluette ; elle ne l'est pas et l'émotion fleure souvent à la lecture des pages.  

            Personnages,  trames de récits fictionnels ou autobiographiques, sentiments rencontrés au cours des romans présentés, tous étaient différents pour notre plus grand bonheur de lectrices. Ce plaisir intellectuel fut suivi de plaisir gustatif avec la tisane à la pomme et les chouquettes servies à la fin de l'animation.