Gustave Eiffel, héros de l'animation littéraire

Gustave Eiffel a été le héros de l’animation littéraire du mois de novembre. Présenté à deux voix, par Jeanine qui s’appuyait sur le roman de Nicolas Estienne d’Orves Eiffel et par Bernard André, ancien chercheur à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, passionné par la sauvegarde du patrimoine industriel français, il nous est apparu dans toute sa richesse d’homme et d’ingénieur visionnaire.

La fiction,  avec le livre « Eiffel »

Nicolas d’Estienne d’Orves a fait le choix, comme dans le film éponyme, de ne traiter que deux époques de sa vie :

Bordeaux entre 1859 et 1860, Eiffel assure la conduite des travaux de la passerelle Saint-Jean, sa première construction et le lancement de sa carrière.

Paris entre 1886 et 1889, Eiffel est au fait de sa gloire, vient de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté et va être sollicité par la ville de Paris pour imaginer et construire « Le Monument » célébrant le premier centenaire de la révolution de 1789 pour l’Exposition Universelle de 1889.

La « Passerelle » entre les deux époques étant, dans le livre, son amour de jeunesse Adrienne (qu’il ne put épouser car les parents de la jeune fille, riches industriels, voyaient une mésalliance dans cette union avec un petit jeune homme sans avenir...) retrouvée à Paris, qui va relancer sa créativité pour concevoir la tour qui va le faire entrer dans l’histoire et changer l’horizon de Paris pour toujours.

La légende voudrait que la forme en « A » soit en hommage à Adrienne que ce soit par l’initiale de son prénom ou par « la cambrure de son dos qui cascade depuis la nuque, jusqu’à la taille »…

L’auteur du livre a pris, certes, certaines libertés avec la vie amoureuse d’Eiffel mais lui reste quand même très fidèle et met à l’honneur l’étonnante prouesse technique de la Tour.

 

Et la vraie vie …

Né à Dijon le 15 décembre 1832 et mort à Paris le 27 décembre 1923 il est pour toujours attaché à la Tour qui porte son nom et qui est devenu dans le monde entier le symbole de Paris.

Élève de l’école Centrale de Paris au grand dam de sa mère qui voulait absolument qu’il fasse Polytechnique il sera ingénieur civil et travaillera dans la métallurgie puis dans le monde de la circulation : ferroviaire, les ponts ...qui sont la clé du 19ème siècle : la Passerelle Saint-Jean à Bordeaux, pont métallique traversant la Garonne. L’innovation, caissons à air comprimé, standardisation des pièces, assure sa réputation. Un épisode romanesque, il se jettera à l’eau pour sauver un ouvrier qui a glissé sur une planche du chantier, annonce ses qualités humaines qui en feront un homme apprécié de ceux qui travaillent pour lui.

Les commandes affluent alors, les réalisations dans les décennies suivantes sont d’une grande diversité : la passerelle de la Vierge à Biarritz, des ponts, des gares en France et celle de Pest en Hongrie et dans le monde, Brésil, Argentine ; le pont Maria Pia à Porto, le viaduc de Garabit dans le Cantal sont novateurs dans leur forme en arc de cercle, leurs matériaux métalliques, leur couleur. Il embauche des ingénieurs talentueux au sein de sa société Eiffel. Il crée l’armature métallique de la statue de La Liberté, devient riche, célèbre et va adopter comme seul patronyme Eiffel. Né Bonickhausen ce nom semblait trop allemand à son grand père qui accola à leur nom de famille Eiffel, le nom du massif d’Allemagne dont la famille est originaire. En 1875 Gustave va supprimer ce nom double et s’appeler légalement et officiellement Gustave Eiffel. Sa vie privée change elle aussi ; il demande à sa mère de lui trouver une bonne épouse, ayant des qualités morales et ménagères et épouse Marguerite Gaudelet dont il aura 5 enfants. Arrangé, ce mariage fut heureux. A la mort prématurée de sa femme sa fille aînée Claire va jouer un rôle prépondérant dans sa vie et l’accompagnera jusqu’à sa mort ; elle se mariera d'ailleurs avec un de ses proches collaborateurs.

Pour le premier centenaire de la révolution de 1789 et marquer par un monument prestigieux l’Exposition Universelle de 1889, Gustave Eiffel qui avait pensé à construire un métro en est dissuadé par ses associés trouvant ce projet souterrain, pas assez visible, manquant de panache. On lui parle d’une tour ; sceptique au début, il va s’enthousiasmer par ce projet, fera des dizaines de dessins préparatoires, choisira comme matériau le fer qu’il connaît, domine et la tour deviendra celle de tous les records. Gustave Eiffel y consacrera sa fortune et c’est son obstination, sa volonté qui viendront à bout de tous les obstacles.

Le succès est au rendez-vous mais la tour doit être démolie en 1910. Il faut alors lui trouver une utilité ; l’ingénieur se changera en scientifique, en chercheur et étudiera la météorologie, la TSF, pensera à l’aviation, à tout ce qui peut offrir un avenir à sa tour.

Vie privée, vie professionnelle, voix féminine, voix masculine ont été mêlées dans cette animation qui nous a présenté Gustave Eiffel un ingénieur hors du commun, capitaine d’industrie, scientifique ; et si elle fut moins littéraire que celles que nous connaissons habituellement elle avait dans son originalité beaucoup de charme.

Légende : Robert Delaunay - Tour Eiffel - 1926 - huile sur toile - 170 x 104 cm - Musée d'Art Moderne, Paris