Quand Nicolas de Staël peint les footballeurs sur le terrain

Le 26 mars 1952 le peintre français d'origine russe Nicolas de Staël et son épouse assistent au match de football qui oppose l’équipe de France à l’équipe de Suède, premier match international qui se joue en nocturne avec un éclairage électrique au Parc des Princes.

« Entre ciel et terre, sur l’herbe rouge ou bleue une tonne de muscles voltigent en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert en toute invraisemblance. Quelle joie René, quelle joie ! ...» écrit-il à son ami René Char.

Au retour du match, sous le coup de l’éblouissement, l’artiste peint immédiatement une série de petits tableaux. Ce n’est pas l’enjeu sportif qui intéresse le peintre, mais la couleur, les masses, le mouvement des joueurs, autant d’éléments qui constituent un tableau vivant. Son projet est de voir les joueurs s'animer sous ses coups de pinceau : "J'ai mis en chantier toute l'équipe de France, de Suède et cela commence à se mouvoir un tant soit peu."

Il réalisera, dans les jours et les mois qui suivent, 24 tableaux de formats divers, et dans lesquels il va détailler les mouvements des joueurs en articulant la forme par des empâtements de matière, et des étalements de la pâte. Dans les tableaux les plus grands, il étale les larges bandes de couleurs avec une truelle. "J'ai choisi de m'occuper sérieusement de la matière en mouvement." Après une période où il réalise des oeuvres abstraites, l'artiste revient, avec cette série, à la figuration.

L'oeuvre présentée est de grand format : 200 x 350 cm ((7 mètres carrés). En octobre 2019, jusqu'alors détenue par les descendants de l'artiste, elle est adjugée aux enchères pour 20 millions d'euros. 

Nicolas de Staël était né Nikolaï Vladimirovitch Staël von Holstein en 1913 à Saint-Pétersbourg. Il mourra en 1955 à Antibes en se jetant dans le vide du haut de l'immeuble dans lequel il avait établi son atelier.

Isabelle Letiembre